Carnet de route

lever de rideau

Le 15/12/2024 par FERRE Lionel

Une ambiance aussi électrique que pendant une messe évangélique au cœur de Brooklyn une nuit de Noël.

Le dimanche reste dans nos contrées très judéo-chrétiennes un point de fixation, un tournant dans la semaine, qui dit tournant et point de fixation dit virage et qui dit virage dit ski.

 Le dimanche c’est La journée du ski, Youpi.

Après un samedi à s’échauffer, à parfaire leur technique dans la station de Saint-Lary, au p’tit jour, les troubadours du jour (10-1 charentais tout gais) s’approchent de la station de Piau-Engaly. Le mini-bus du club avance fièrement sur la route enneigée bordée de beaux sapins croulants sous la neige, malgré les odeurs pestilentielles dégagées par l’un d’entre eux, un gaz assez nocif pour faire démarrer un pick-up.

Il est des plaisirs et des traditions qui nous réussissent et venir à Piau à la mi-décembre en est.

Bref, parler ne fait pas cuire le riz, revenons-en à nos joyeux troubadours.

Equipés, chaussés, skis, sac, peaux, dva, ils s’enfoncent dans la vallée.

Ces femmes et ses hommes sont les esprits les plus fins, les plus drôles, les plus acérés de Charente, les plus justes et ils sont beaux à mourir. Tout chez eux semble validé par les dieux, leur démarche de grands fauves, leur regard d’aigles, leur peau satinée ou presque et en même temps ils restent accessibles.

Pour autant il faut avancer, avancer et ça ne se fait pas tout seul. Petit à petit ils cheminent, s’interrogent, doutent sur la finalité, est-ce que ça vaut le coup de monter alors qu’on n’y voit presque rien.

En parlant de doute, de croyance, de superstitions, ces neuf personnes veulent du beau temps. Du coup, je les rassure, je leur dis qu’en arrivant en haut il faudra juste qu’on appuie sur un gros interrupteur joufflu géant, qu’en ces temps d’économie et de dérèglement climatique les gouvernements européens se sont mis d’accord sur une politique de rationnement du soleil à des fins de diminution de la température des montagnes, et que hop le brouillard se déchirera, le soleil sera là. Ils y croient.

Et ça marche, sitôt l’interrupteur trouvé bien sûr.

Sinon ils auraient peut-être creusé un gros trou pour m’y coller dedans skis aux pieds.

Pour autant, skis aux pieds, il y a immédiatement cette joie élémentaire du contact avec la neige. Mmmmm. Miam.

Et c’est parti, vers l’infini et au-delà comme disait le philosophe, des cris de joie, des hurlements à la mort de bonheur, même des gros mots, une orgie de neige et d’adrénaline, de beaux virages, ils bondissent de virages en virages. Je vous l’avais dit, de grands fauves au regard d’aigle et à la peau satinés lancés à mille à l’heure (dixit le gps de Laurent qui dit souvent : « ça devrait être remboursé par la sécu »).

Qui a dit que : « le ski est un langage universel qui permet de mieux se connaître ». Il a dit aussi je crois : « skier c’est méditer ».

Et ben il a raison.