Carnet de route

Raquettes camp d'hiver à Fabian
Le 12/01/2014 par Loulmet Jean-Claude
Se conformant à un calendrier devenu immuable, le désormais traditionnel camp d’hiver du CAF ANGOUMOIS a, en cette fin d’année 2013, élu domicile à Fabian en vallée d'Aure, en ce lieu où la Neste de Couplan et la Neste d'Aragnouet unissent les eaux des bassins du Néouvielle et de la Géla.
La journée du 26 décembre obéit à un protocole qui ne varie plus guère au fil des ans: un long voyage au départ d’Angoulême en direction du Sud ! Parvenus à destination, retrouvailles chaleureuses avec ceux que l’on n’a pas vus depuis la précédente session, et puis petite balade à partir du gîte pour se dégourdir les jambes. Pour notre part, nous avons suivi un chemin enneigé à travers les buis qui nous a conduit, par une pente brève mais inflexible, à une grange d’altitude située 300 mètres au dessus de notre lieu de séjour.
Les récentes et importantes chutes de neige nous invitent à une certaine prudence dans le programme de la journée du 27.
Nous optons pour les reliefs doux de la vaste crête essentiellement boisée qui sépare les vallées d'Aure et de Louron. Le départ se fera de Grailhen (1100 m) et, atteindre ce village avec le minibus de l'OMS sur une route verglacée suscite une certaine appréhension ! Ce sera d'ailleurs la seule difficulté technique de la journée. Dès le départ, nous chaussons les raquettes et nous voilà dans cette magnifique sapinière, qui tapisse tout le versant Est de la vallée, dans laquelle nous évoluerons toute la journée. On s’élève sur des pistes forestières, où les embranchements sont innombrables, en choisissant à chaque fois l’option qui semble nous rapprocher le plus de l’objectif: la crête. Celle-ci, quand nous l’atteignons, témoigne à notre égard d’une grande hospitalité, tant la lumière du soleil sur ces espaces blancs se révèle intense et chaleureuse. C'est ainsi que nous goûtons le bonheur tout simple de déjeuner sur la croupe arrondie du Cap de Boupillac (1659m). Mais rien n’est jamais tout à fait parfait en ce bas monde: il subsiste au sud, à une vingtaine de minutes, un vague dôme légèrement plus élevé que le point où nous nous trouvons et qui nous masque un tout petit peu le panorama. Ainsi nous voilà contraints de visiter le Cap de Tech (1678 m) où la vue est très étendue sur les montagnes de Luchon, d' Aure et du Louron. L’énorme Posets, au delà de la crête frontière qu'il domine nettement, parait tout proche.
La météo est très pessimiste pour la journée suivante ! Aussi, l’adhésion au programme du lendemain est unanime: "on verra demain"... Au matin du 28, le temps est incontestablement très mauvais. Cela génère bien entendu une certaine indécision sur la conduite à tenir et provoque la constitution de deux factions: le groupe n° 1, celui des plus audacieux, s’engage dès 10 heures du matin sur la route du lac de l'Oule avec comme objectif "on verra bien" ! Le groupe n° 2, constitué des autres randonneurs qui ont fini par trouver inconvenant et même légèrement infâmant de ne pas "sortir" de la journée, se met en marche aux alentours de 14 heures avec le même objectif que le n°1. Lorsque les deux unités se rencontrent, ceux du matin expliquent aux autres avec force détails qu’ils ont passé une journée extraordinaire, qu’ils ont réussi à atteindre le lac de l'Oule et qu’ils y ont même douillettement séjourné en buvant des boissons chaudes et sucrées dans l’auberge édifiée sur les berges du lac. La conséquence naturelle de cette narration est que le groupe n°2, auquel on a aussi conseillé de ne pas tarder à faire demi-tour, veut aussi son lac de l'Oule et finit par l’atteindre, au prix d’un retour au bercail complètement nocturne ! Le bilan de cette journée est un peu moins anodin qu’il n' y parait car la route nous a paru interminable et la distance parcoure avoisine 20Km…
Déjà le dernier jour ! Afin de clore dignement ce séjour Pyrénéen, nous avons décidé de tenter d’atteindre le sommet du Pico de Comodoto (2358m). Cela induit un petit voyage à travers le tunnel transpyrénéen de Bielsa qui nous conduit à la localité de Espierba (1300m) accrochée sur un versant de l’extraordinaire vallée glaciaire de Pineta. Le panorama que le regard embrasse à partir de ce village est prodigieux et nous accompagnera pendant toute la randonnée: vers le Sud, les Parets de Pineta. C'est une architecture colossale, constituée par une formidable muraille calcaire de 1500 mètres de hauteur, qui s’étend sur une douzaine de kilomètres du Portillo de Tella au col de Niscle en passant par "LasTres Marias", qui sont en fait quatre. Cet édifice géologique présente des contours d’une étonnante symétrie en juxtaposant une dizaine de cirques aux formes identiques, suspendus à la même altitude dans un isolement et une sauvagerie absolue. Dès le départ, le soleil semble vouloir s’imposer et nous chaussons rapidement les raquettes dans une neige plus abondante que prévu. Nous évoluons d' abord jusqu'à la crête qui sépare les vallées de Pineta et de Chisagues, où le panorama s’élargit encore et nous la suivons vers le Nord-Ouest dans un univers de plus en plus gorgé de neige. El Comodoto apparaît enfin, pas si proche ! On se réunit pour déjeuner 250 mètres sous le sommet dans des conditions peu agréables: il fait subitement froid car le vent s’est levé et le soleil se cache derrière quelques nuages. Nous reprenons rapidement notre progression vers le sommet alors que le soleil est revenu. La pente se fait plus raide et la neige plus dure. Nous n’avons ni piolet, ni crampons: 150 mètres sous le sommet, il est sage de faire demi-tour.
Une superbe journée.
Ainsi, encore un séjour hivernal dont on aime à se souvenir, avec beaucoup de simplicité, de spontanéité et de chaleur entre les participants. Et puis comment ne pas saluer le dévouement et l’expertise de ceux qui nous gratifient, pour trois rien, de ces délicieux repas ! Merci à Malika et à tous ceux qui ont contribué à l'excellence de la qualité de ce séjour, sans oublier bien sûr Jacques, pour sa légendaire organisation !
Jean-Claude Loulmet
Photos: Bernard Braud