Carnet de route
Z comme ZORRO ??
Le 23/06/2014 par peccolo marc
Z comme Zapata ? Non. Z comme Zarathoustra ? Non, tu n'y est pas du tout. Tu m'énerves avec tes devinettes à la con, j'sais pas, alors Z comme Zorro ??? Non non et non Z comme le "z" à la face nord de la Meije. Ah ! d'accord, on est le 18 juin et c'est l'appel de la reine de l'Oisans ( ne pas confondre avec l'appel des 18 joints pour les fumeurs ! ). Irrésistible attraction pour cette montagne dont les prétendants amoureux sont légion. J'ai même croisé un jeune base jumper( qui a quand même sauté du Grand pic )qui, lorsqu'il est à La Bérarde court jusqu'à ce que ses yeux se pose sur le petit bout du sommet de la Meije que l'on peut voir en montant un peu!! On est bien obligé de partager son amour pour cette montagne particulière. Le gardien du refuge du Promontoire, lui-même en parle comme d'une personne. 4 heures de marche font le ticket d'entrée pour toucher les pieds de la Belle dans ce petit refuge écrasé par Sa présence. La soirée défile en ne parlant que d'Elle tandis que dehors la neige tombe dru ( c'était prévu) avec la nuit. 2h du mat, réveil, un bol de thé, Robin et moi ( non, pas Robin des bois, encore une fois, il y en a qui ne suivent pas ) nous nous encordons et c'est parti pour la brêche de la Meije pour passer en face nord. Il fait grand beau d'après toutes les étoiles mais nous allons vite déchanter ( et heureusement pas déjanter ) car on enfonce jusqu'aux genoux ( et même choux, hiboux ). On insiste jusqu'à la brêche en se disant que, tant pis, on est habitués à prendre des buts. On attaque quand même la descente bien raide en face nord pour prendre pied sur le glacier de la Meije décoré avec de belles crevasses dans le faisceau de la frontale."Mais alors si vous avancez, c'est que la neige porte" ( alors là, bravo, vous etes au top ) ET OUI et avec le petit jour ( vous le connaissez ? ) nous arrivons à la rimaye après avoir joué à saute-crevasse ( je suis pas un fervent adepte de ce jeu, mais, bon ). La montagne demande de la créativité et de la flexibilité, mais air con et vue basse dans le plus pur style "boeuf moyen" peut parfois donner des résultats surprenants ( nous en sommes la preuve -encore- vivante ! ) n'en déplaise aux intello-esthético-philosophes de l'alpinisme. Toujours est-il que notre stratégie "je mets un pied et après je mets l'autre" a porté ses fruits que nous cueillons avec délectation sous les coulées de poudreuses qui glissent dans le cou depuis la lèvre de la rimaye où nous nous équipons. C'est parti pour le Z. Je vous épargnerai le récit de l'ascension ( c'est pas facile pour ne pas être chiant ). Bien sûr c'etait très difficile avec toujours un pied dans le vide et l'autre sur rien, des placages de glace fragiles, exposé, la sortie directe en crampons dans du 6 avrec les piolets qui font des étincelles et tout et tout. L'arrivée belle à pleurer et les rappels longs à pleurer, le glacier Carré qui penche vers le vide, pas une trace, le soleil et le refuge en bas. Pierre Chapoutot commente le Z :"des pentes raides et complexes, un terrain instable, un assurage incertain: du terrain mixte sévère, exigeant de toute cordée une parfaite cohésion"
