A droite? à gauche? ça passe!
Le 04/09/2016 par Christian Poivert
Il faisait beau ce week end. c'est la fin de l'été. Matthieu avait choisi la région d'Espingo pour réaliser quelques belles courses: le versant E des Spijeoles et le versant W du Quayrat. Nous nous sommes retrouvés , le vendredi soir, au refuge d'Espingo (1967 m) . Samedi, nous étions en route bien avant l'aube, trébuchant parfois sur le sentier caillouteux.L'air était trop doux, par cette heure matinale. Dans l'après midi, un orage sec menaça notre caravane. Nous avons parcouru dans cette belle muraille orientale des Spijeoles deux élégantes courses: le grand dièdre et Adishatz. Tandis que Matthieu emmenait une cordée dans le grand dièdre, Brigitte et moi nous nous sommes élevés régulièrement dans Adishatz.la voie ne présentant pas de difficultés particulières. Quelques mètres nous séparaient seulement de l'autre cordée. Réunis au sommet nous rejoignîmes le refuge du Portillon (2571 m) par le sentier des mineurs peu marqué au début dont l'attaque se situe vers 2680 m. Dimanche, partis avant l'aube notre projet était de gravir l’arête centrale W du Quayrat avant notre retour sur Angoulême. Cette arête, dans sa partie inférieure, n'est pas bien individualisée. L'attaque ne fut pas la bonne . Une erreur... Le Quayrat eut ce jour là des visiteurs audacieux! L'ascension demanda une certaine habileté, le corps devait se faire léger, précautionneux, éprouvant les prises. A droite? à gauche? de part et d'autre des saillies rocheuses masquaient la vue.On sait alors qu'il faut aller à droite, parfois sans raison: ce n'est qu'un sentiment mais insinuant comme une certitude...ramper à la verticale, saisir à pleine main quelques touffes d'herbe. S'élever sur des dalles , gravir des petits éperons, contourner de beaux gendarmes aigus, traverser des couloirs... Matthieu était devant, beaucoup plus haut.Les alpinistes disent volontiers " ça passe!" Par habitude je dis souvent "Tu viens...!" Nous arrivâmes finalement en contrebas du sommet. La fatigue aidant je posai mon sac , laissant Matthieu parcourir les derniers de cette pyramide (3060 m). Je pense que parmi nous, certains(es) ont du penser que nous étions loin d'une pratique détendue de la montagne! pour conclure je dirai que durant ce week end deux pratiques se sont cotoyées: une escalade sur des parois confortablement aménagées et une escalade traditionnelle avec la découverte de lignes de faiblesses. "Mon chemin, je le fais moi, hors des chemins. Je l'invente" disait -il . Mes pensées vont vers vous, Cécile,Brigitte, Michel, Matthieu. Merci aussi à William qui n'a pu être parmi nous. Christian