Carnet de route

On devient ... (1/2)
Le 14/05/2022 par Matthieu LE GALLO
Un bon cru. Si vous vous attendez à ce que l’on parle de raisins, passez votre chemin. Ici, on va parler conditions de neige et de glace…Et le printemps 2021 en était un bel exemple.
Beaucoup de goulottes pyrénéennes, rarement en conditions, le sont. E n Février, après avoir pu visiter le couloir Pombie Suzon, c’est avec un œil averti que l’on surveille les bonnes conditions.
Pas facile avec la distance mais on s’habitue.
En tout cas ça devrait toujours être très bon du coté du Vignemale et sachant que beaucoup de cordées sont déjà passées par là-bas cet hiver, on espère être un peu plus tranquille….
Cela fait longtemps qu’un de ces couloirs nous attire. En tout cas sa description dans le Mousel, un peu moins :
Grande voie glaciaire. Ambiance sévère, pitonnage délicat, engagement important…
Celle d’un forum bien connu étant plus agréable :
L’une des plus belles goulottes pyrénéennes, soutenue et homogène.
Le Couloir Arlaud-Souriac est situé dans le Vignemale entre la face nord de l'Aiguille des Glaciers et la face ouest de la Pointe de Chausenque. C’est en 1933 que Jean Arlaud et Pierre Souriac réalisèrent l'ascension de la pointe de Chausenque en empruntant ce couloir avec un 3ème compagnon.
La première hivernale aura lieu en 1978. Depuis, faire l’Arlaud est devenu une belle étape pour un Pyrénéiste.
Bref de quoi attirer nos regards et nos piolets. En débauchant à midi avec Gautier, (c’est (ou c’était…) bien pratique de bosser ensemble ! ) nous arrivons tranquillement au pont d’Espagne en fin d’après-midi. Il ne nous reste plus qu’a se tirer la bourre pour arriver avant la nuit aux Oulettes de Gaube.
Les derniers randonneurs croisés à la montée ne sont pas très rassurants !
-vous avez pris les duvets ? non ?! et bien vous risquer de dormir dehors vu tous les militaires qui sont déjà là-haut !
Aie... y aurait-il des manœuvres dans le secteur ? pas vu de panneau champ de tir pourtant ?
Bon on verra bien !
On a hésiter à prendre les skis. Je me suis laisser convaincre… mais ce n’était pas la bonne option cette fois ! pas grave , on arrive en forme au refuge pour découvrir un tas de pulkas et …un bataillon de l’EMHM !
Qu’est ce que des chamoniards viennent faire ici ?!
Et on reconnait Mr Munoz, le cador du GMHM qui encadre la troupe. En fait ils devaient aller en Suède ou au Groenland mais avec la Covid, ils ont dû se replier sur une contrée sauvage, éloignée et qu’ils ne connaissaient pas du tout…Bienvenue au Vignemale Messieurs !
Bon on négocie tranquillement de pouvoir partir avant. Bien joué !Mais ça c’était avant de savoir qu’il y aurait une trace à faire dans une profonde de 50cm pendant 1h…
Pas grave, on ira plus vite devant à deux , que derrière 2 ou 3 cordées.
Après une bonne courte nuit, on démarre à la fraiche, les lumières du refuge s’éloignants petit à petit.
Après avoir failli être avalé tout cru par la rimaye, nous nous équipons et le jeune caporal Gautier par au front. Effectivement mieux vaut mettre un casque car c’est la guerre là-haut, ça parpine de la glace !Mieux vaut être devant. On sera rapidement rejoint par les cordées chamoniards qui ont pu profiter d’une belle trace fraiche, et ils nous remercient pour l’effort.
La voie s’enchaîne en réversible. On se fait vraiment plaisir. On se laisse tenter par des options qui paraissent sympa , alors qu’il faut toujours prendre au plus simple. Ça discute montagne et de Chamonix au relais avec Dimitri Munoz, situation incongrue (mais rassurante aussi) ! On est au cœur du Vignemale, là , pas à la M.B.C !
On aura eu de très bonnes conditions et ce fut un sacré bon moment passé ensemble là-haut.
Je me remémore également la satisfaction qui se lisait sur le visage de Marco en 2013, à la sortie de ce couloir.
http://www.pointapic.com/2013/06/10/vignemale-couloir-arlaud-souriac/
Je fais découvrir au retour à Gautier, le raccourci qui permet de rejoindre la voie des séracs pour la descente. A 14h, on est prêt à repartir du refuge avec nos skis pour une descente qui ne restera pas ,elle, dans les annales.
On se retourne une dernière fois, avec une pensée pour le propriétaire des lieux, le compte Henry Russell :Nul doute qu’en haut de ce massif, on devient… Pyrénéiste.