Carnet de route

Appellation Origine Controlée Beaux Virages Bien Ronds
Le 18/03/2023 par Lionel FERRE
Pour de beaux virages bien ronds.
A l’heure de l’apéro, un bon cocktail, une invitation au voyage, l’aventure, on rêve de réinterpréter un classique pour une sortie qui sortira de l’ordinaire. Une envie de virages bien ronds.
Attention. Pour de bons et beaux virages bien ronds pour 7, et on peut d’ores et déjà les remercier, il faut de bons chauffeurs. On privilégiera des modèles rustiques si possible avec des origines polonaises, de Corrèze du nord ou issus de la communauté des gens du voyage.
En l’occurrence Lolo (AOP et IGP) ; élevé en Corrèze du Nord, certains disent qu’il traverse l’Europe d’Est en Ouest en famille, sans s’arrêter, se nourrissant juste d’un tube de crème de marron et d’un spray de chantilly pour 4.
Le second !! Fabien dit « Toutencuisse » (AOP aussi). Sa jeune épouse affirme qu’il peut abattre un chêne à mains nues et porter un stère de bois sur son dos.
Enfin pour compléter la banquette trois places, l’idéal c’est un Gg (IGP), toujours souriant, le cœur sur la main, ultra polyvalent et surtout assez fin pour se caler entre les 2 autres qui sont de constitutions plus traditionnelles.
Donc Pour de bons et beaux virages bien ronds:
- Un premier we dans le massif central vous garantira un randonneur rustique bien tendre.
- Réveillez de bonne heure l’équipe ; alignez les bien et laissez mariner 4h30 dans un mini-bus pour attendrir le cerveau, le cœur et laisser durcir les dorsaux et les cervicales.
- Ouvrez grand la porte du fourgon. Par dépression l’air s’engouffre et réveille la joyeuse troupe prête à s’arc-bouter sous son sac dos bien chargé (environ 10, 11 kg, réchaud, gamelle, 3 buchettes chacun ...). Attention si vous les nourrissez trop vite, certains vont vouloir faire la sieste. Il faut les brusquer un peu au départ.
- Epépinez un nuage, Laissez quelques petites éclaircies se développer puis d’un coup couvrez le tout.
- Rajoutez du vent frais, du matin et un peu de grésil. Saupoudrez le tout de quelques hésitations ; laissez monter le doute. « On fait demi-tour ??? »
- Lâchez un peu d’espoir.
- Enlevez le couvercle. Comme l’embellie les a surpris, les a déroutés, ils ont oublié de se tartiner de crème solaire. Vous obtiendrez de belles pommettes cuivrées et un nez bien rouge, solides arguments auprès des collègues envieux le lundi matin.
- Ménagez l’arrivée au refuge ; ce ne doit pas être trop facile, de belles conversions acrobatiques sur de la neige dure mettront à l’épreuve les nerfs, rajoutez plusieurs ressauts et une pente qui se redresse. Il faut laisser s’installer le suspense : une passerelle en neige béton sans garde-fou, un dédale d’escaliers et de portes qui s’ouvrent ou pas, des odeurs qui font plisser le front voire pleurer certains sauf un « mais non c’est le poêle » (en fait non c’est le wc chimique très chimique ??). Enfin le clou du spectacle, le poêle bien caché au fond dans une pièce obscure tout en bas.
- Une fois le poêle bien lancé, laissez mijoter subtilement. Un peu d’alcool, de cacahuètes et de la charcuterie. Pimentez le tout, laissez libre cours à leur créativité. Si vous n’avez pas de glace pilée, pas de problème, grâce au petit jeu « je fais fondre de la neige ou la glace » (sortir à 4 pattes par la fenêtre, remplir tant bien que mal ses casseroles en évitant la neige douteuse).
Vous l’aurez compris doucement mais sûrement la belle équipe, maintenant bien installée, le ventre plein, la peau tannée par le soleil, les os réchauffés par l’alcool et le feu, bien au sec, se coule dans son sac de couchage et s’endort à 20h. « Bona notte » . L’un fera remarquer. « C’est pas un peu tôt ». Un peu plus tard raisonnera un « t’as pris tes médicaments ». (Beaucoup se sont retrouvés en plein phare entre minuit et 2 heures du matin, il y en a même qui se sont promenés).
- A 7h réveillez la petite troupe (dans les constructions modernes la ventilation fonctionne grâce à l’électricité ; pas d’électricité pas de ventilation ; pas de ventilation égal tout ou presque est plus ou moins humide).
- A 8h30, même avant, tout le monde est prêt sauf le ciel (c’est dimanche chacun a droit à son jour de repos).
- 9h sortez la petite troupe en théâtralisant un peu « allez on met les crampons ». Dès que tout le monde est dehors rafraîchissez fortement le tout avec des rafales de neige …. Laissez l’ambiance bien s’installer et puis : « Allez on rentre on va jouer aux cartes et se faire du thé ».
- Attention, important, laissez le Gg dehors tourner autour du refuge pour annoncer à ses camarades un changement de météo. Très vite Jérome veut trouver un camarade pour jouer dehors. Attention. Au bout de 3, 4 tours de refuge rentrez le Gg, il n’a plus 20 ans.
- 10h30 ressortez tout le monde dehors. Laissez infusez : « si on monte à la brèche ce sera en crampons ».
- Entamez la descente, et très très vite surtout, laissez un soleil éclatant inonder la montagne et laissez monter l’envie.
- Ce n’est qu’à ce prix que vous obtiendrez un festival de beaux virages bien ronds, n’hésitez pas à remonter de temps en temps.
- Quand les bestioles sont fourbues ramenez les au mini-bus. Arrosez les bien de bière et laissez reposer le tout.
En rentrant, tout le monde s’acquittera de la taxe de 8 euros pour le refuge (en ligne c’est moderne).
Pour huit euros, t’as plus grand-chose mais pour 8 euros et 40 heures, c’est sûr, certains ont voyagé bien plus loin que 454 km et tout le monde a fait de beaux virages bien ronds.
Attention cette recette, propriété du Caf angoumois, s’adresse à une équipe expérimentée quasi professionnelle.
Nous rappelons à nos lecteurs que les week-ends du Caf Angoumois sont remboursés par le sécu.
Cette sortie a obtenu le Label « AOCBVBR » (appellation origine controlée beaux virages bien ronds).