Carnet de route
Urbex à la montagne !
Le 22/09/2025 par Christian Andrieux
Philippe et moi avions le projet de faire une randonnée itinérante de quelques jours début septembre. Un article de la dernière Revue Pyrénéenne intitulé « D’Orle à Melles sur les voies Decauville » nous inspire… Pourquoi ne pas faire de l’urbex (exploration de lieux urbains délaissés ou abandonnés) à la montagne !! L’itinéraire ira de Castillon-en-Couserans à Bagnère-de-Luchon à la découverte des vestiges et aménagements de vieux sites miniers ariègeois d'altitude.
Avant toute chose il faut faire un peu d’histoire industrielle. Pendant plus d’un siècle (1850-1950) le Biros est un pays minier. On y extrait la blende (zinc) et la galène (plomb et argent) sur notamment les sites de Bulard et du Bentaillou versant Français. Versant Espagnol le minerai de 2 autres sites, Montoulieu et Fourcail est ramené en France par les ports d’Urets et d’Orle respectivement.
1er septembre : voiture jusqu’à Boussens, bus vers St Girons, bus vers Castillon, sandwich, café et départ de la 1ère étape par le GR10 vers le gîte de Bonnac qui, oh surprise, se situe à Sentein quelques km plus loin !
Le deuxième jour débute par une raide montée de 700m dans la belle forêt de hêtres de la vallée d’Orle pour accéder à une plateforme (1240m) d’où, coté nord-ouest, partait un câble transporteur pour descendre du minerai à Lascoux en fond de vallée et côté sud arrivaient les wagonnets par une voie étroite type Decauville. Le tracé que nous suivons est encore bien marqué même si les rails ont disparu. 8km à flanc dans la hêtraie et 6 tunnels bas de plafond (Ouille la tête !) nous conduisent à une seconde plateforme, point bas d’un câble transporteur qui descendait le minerai du port d’Orle. Quelques pylônes vestiges restent accrochés sur une crête. Plus loin nous apercevons la peu avenante paroi de la face Est du Mail du Bulard exploitée de 1906 à 1920 dans des conditions telles que la mine se verra attribuée le nom de mangeuse d’hommes !
15h30, c’est la bonne heure pour reprendre 700m de dénivelée en direction du port d’Orle et de la cabane de chasseurs Georges Pons (2130m) qui va nous accueillir. A notre âge un soulagement de vessie régulier s’impose; cette nuit se sera sous un beau ciel étoilé avec, loin au nord, le halo des éclairages toulousains. On se relèverait presque !
Nous débutons le troisième jour par la fin de la montée du port d’Orle d’où, là encore, subsistent les restes d’une voie Decauville qui permettait d’acheminer le minerai de la mine du Fourcail. Nous enchaînons par la montée au sommet du Mail du Bulard (2750m). Ciel clair et sec pour un panorama sur les sommets Ariégeois avec le Valier en avant plan, les Encantats, Aneto, Maladeta, sommets du Luchonnais et même le Néouvielle ! La suite se déroule en partie hors sentier mais toujours proche de la crête frontière. Direction le port d’Urets et sa sympathique cabane avec au passage les restes de bâtiments de la mine de Montoulieu. Nous passerons la nuit dans une cabane proche des anciennes mines de Liat entre les étangs de Liat et de Paloméra. Le site est plutôt grand, occupé par de vieux bâtiments et de nombreux équipements rouillés. Le terrain est bien mité par des entrées de galeries. Un lieu idéal pour tourner un bon film noir des années 60 avec traque haletante et fusillades!
Le lendemain matin courte montée puis descente par un raide mais bon chemin rive gauche des spectaculaires gorges d’Uerri. Les nuages qui arrivent par le fond s’évaporent en remontant la gorge. La cascade qui nous fait face chute de plus de 100m en simplement 3 ou 4 rebonds. Après passage rive droite du torrent (1550m) il nous faut parcourir une longue traversée ascendante de 2h30, en grande partie hors sentier, pour retrouver la crête frontière vers 1750m. Le vacher de la cabane de Courrau-Grand semble nous attendre dans le brouillard. Il est vrai qu’il n’a pas loisir de voir beaucoup de randonneurs, même pas les chasseurs nous dit-il : trop de dénivelée depuis le bout de la piste. Nous le laissons pour rejoindre l’écogîte « la grange » à Fos. 1200m à descendre ! Douche et navarin d’agneau très appréciés !!
La suite s’effectue par le GR10 en contre-sens. De Fos (540m) au pic de Bacranère (2193m) s’impose la formule « chi va piano va sano ». Dès le col d’Esclot d’Aou le cirque du Lys et les sommets de la Maladeta et du Luchonnais s’affichent. Sur la crête du Bacranère une priorité à droite s'avère utile pour laisser franchir la frontière à un grand groupe d'isards ! En première intention nous voulions dormir à la cabane de Peyrehitte mais radio GR10 nous apprend que la bergère de la cabane voisine vient de recevoir deux patous en formation qui ne font pas encore bien la différence entre les mollets des humains et ceux des ours... Prudence, prudence ! La cabane suivante de Saunière est occupée par des hollandais peu disposés à laisser un coin de bas-flanc. Sur les conseils d’un randonneur local nous nous dirigeons vers une troisième solution à 1/2 heure de marche. La cabane n’étant pas identifiée sur la carte IGN nous mettrons plus d’une heure pour la trouver et y arriverons à 20h ! Repas aux dernières lueurs de soleil couchant qui laissent deviner les grands du Luchonnais : Maupas, Crabioulles, Lézat, Perdiguère, Gourgs Blancs…
3 heures de descente pour l’arrivée à Luchon le dernier jour. Retour à Boussens par le train puis voiture jusqu’à Angoulême. Fin du périple !