Carnet de route

La Grave c'était "grave" bon

Le 19/02/2024 par Lionel FERRE

Au début nous voulions juste aller nous frotter nus sur des cerisiers en fleurs au Japon. Puis nous avons fait des recherches.

On avait le choix entre un week-end « coloriage poésie et mécanisme de l’estime de soi », un séminaire « trouve ton animal totem ou la plante qui sommeille en toi », une biennale « inconfort, satisfaction égoïste et summer body », un colloque « le ski, béquille pour supporter ses émotions », finalement on a choisi le congrès international « Le messager devient le message, Le ski est le propre de l’homme, il lui permet de se débarrasser des plaisirs régressifs et d’accéder au bonheur premier». Pffou choix cornélien.

Des milliers et des milliers d’années que je pensais retourner à La Grave, au plaisir immédiat de la neige poudreuse qui siffle sous les skis. Les cristaux ordinaires rencontrés de ci de là ne sauraient suffire.

Du coup, direction les Alpes, tout un camion ou presque. Nicolas était déjà sur place, Jérémy nous a rejoint de Narbonne.

Pour, trois jours de folie. En réduisant au maximum le temps passé à glander. Moins dire, plus skier. A la recherche de la moindre petite seconde de ski. Une expérience ultime, la cohésion entre l’homme ses skis et la neige, la symbiose. Supporter le plus longtemps possible, la sensation de brulure dans les cuisses. Au bord du malaise, du manque d’air. Ça semble parfois durer une éternité, une lutte interne qui s’accompagne d’une impossibilité à contrôler les skis parfois.

Donc, après huit heures de route nous débarquons au joyeux gite « le rocher » tenu par un couple et leur amie du « Turbo dancing » disponibles 365 j / 24. (DJ ambulant). Lieu en dehors du temps des skibums* et une clientèle internationale viennent autant gouter l’accueil et les soirées chaleureuses que la cuisine gastronomique de Robin après une journée de ski à La Grave, peut-être la capitale du free-ride français.

Samedi, merci à Gautier, tu nous as rejoint pour une belle journée ensoleillée où nous skions à Puy Saint Vincent, petit frigo à neige qui usera très vite certains muscles. Certaines vilaines langues avanceront un petit manque de cohésion du groupe, je parlerais plutôt d’une divergence cognitive rapport au concept de « pause ». C’est surtout un manque de cohésion et de résistance des quadriceps que je mettrais en avant chez certains. Ça m’a fatigué aussi. Merci au mélèze que j’ai embrassé, ce comportement, cette audace pleine de poudre, fut sanctionné, il m’a giflé.

En dépit du manque de récupération de certaines forces musculaires, dimanche en compagnie de l’adorable et talentueux, Patrick Guillaume guide à l’Alpe d’Huez (pensez à me demander ses coordonnées si ça vous intéresse), nous dévalons les vallons de La Grave (sous le Rateau, sous la Meige ou côté Chancel) entre neige poudreuse sur les glaciers jusqu’à 3600m et neige creusée, trempée, tout en bas, tout en bas (P1 à 1600m).

Lundi, direction l’Alpe d’Huez pour une journée fraiche, pleine de vent (rafales à plus de 50kmh), de soleil et d’émotions. Une main courante à 3400m (y en a un qui a failli rester congelé accroché à ses skis pour faire un corps mort et tenir un bout de la main courante pour que ses camarades puissent traverser en paix jusqu’en haut du couloir), un rappel dans un couloir à 45°plein de poudre, deux trois champs de neige poudreuse, une grotte glacée et un pique-nique au bord d’un lac glacé.

Malgré, ces conséquences négatives, cuisses en fusion, les skieurs sont allés jusqu’au bout de leurs forces pour certains mais quel feu d’artifice ces trois jours.

Un clin d’œil en particulier à Yann qui nous a suivi en surf et nous a impressionné mais aussi à Christophe qui pour son baptême du feu en rando-ski alpinisme s’est bien battu et a bien résisté.

Et bises bien sûr aussi à Arnaud, Nicolas, Jérémy, Jérome et Tony mais aussi à Greg, Jean et Enzo qui n’ont pas pu venir.

A retenir (conseils de Patrick) :  pas de dragonnes, pas de leach (avalanche), skis à 100 au patin de couleur verte (mais rappelez-vous qu’il y a 10 ans 85 c’était large et que le jaune c’est bien aussi), pas besoin de chaussures de piste même sur piste, on accroche sa longe en haut de la veste, on croise ses pieds pour skier le ski aval ou enfonce le talon du ski dans la neige, la corde lovée avec un mousqueton au bout dans une petite poche très accessible, on ferme ses virages, on rapproche les skis dans la poudre, en neige croutée, on ose prendre un peu de vitesse pour déclencher son virage en soulevant les deux skis à la fois, on skie les pistes dégueulasses pour progresser et  enfin si on a peur on dit que c’est le vent qui nous fait pleurer. (Et on appuie sur les languettes bande de feignasses, ça c’est moi qui le rajoute).

*skibum : Le skibum est un skieur pour qui l’ensemble de sa vie est orienté vers un but, celui de skier plus.

Les mots soulignés définissent le mot « addiction »

“Des milliers et des milliers d'années Ne sauraient suffire Pour dire La petite seconde d'éternité
Où tu m'as embrassé  …. ― Jaques Prevert 
(J’adore ce poème et il illustre un peu mon rapport à la neige poudreuse)







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