Carnet de route

Ski de rando à l'Ossau ou « la stratégie du gros orteil ».

Le 17/01/2024 par Mathilde Minaud

« Prenez 3 kg de patates, épluchez, découpez. Faites rissoler avec oignons et lardons, ajoutez …. blablabla. » Rien de tel qu’une bonne recette savoyarde pour affronter les éléments Pyrénéens ! Lolo, plutôt de cœur Auvergnat, l’avait deviné avant de faire les courses pour notre dîner du samedi 13 Janvier. (Vous avez remarqué son éclectisme montagnard : la classe à Gabas!)

Les éléments pyrénéens ?

Oui ! Les langues d’herbe entre les plaques de neige, les cailloux plus ou moins gros, la température douce, le vent froid, la bruyère qu’on aperçoit… et surtout… la neige variable !

Après la dite-tartiflette (vous aviez reconnu évidemment), arrosée comme il se doit, je me suis retirée dans mon alcôve pour me reposer avec un bouquin, histoire d’être gentille avec mon corps qui n’avait pas su négocier la « neige variable » de la descente, et qui s’était lamentablement explosé dans un espèce de faux plat descendant comme on en trouve encore dans le cirque d’Anéou. J’ai eu du mal à me concentrer sur ma lecture ce soir-là , car les voix de mes camarades revigorés par le vin et le soleil me parvenaient aux oreilles… avec une belle leçon de ski en perspective :

la «  stratégie du gros orteil » !

Chacun des présents y est allé de son commentaire de connaisseur sur la position du tibia sur la languette, sur l’angle skieur-pente à maintenir, la flexion-extension dans le virage, le poids du corps sur la jambe aval, jamais en arrière, et surtout une conclusion merveilleuse : il faut skier avec ton gros orteil !

Selon les spécialistes de la rando pyrénéenne, tu appuies sur ton gros orteil et tu tournes automatiquement, naturellement, efficacement, sans chute, et avec des étoiles dans les yeux de tes copains spectateurs !

Extraît :

«  Maîtrise ton gros orteil et tu maîtrises ton ski - je reprendrais bien un peu de vin - oui, c’est vrai tout est dans les orteils, c’est ce qu’on dit à c’qui paraît - tiens j’ai pas goûté celui-là- non mais c’est sûr pour ça tu dois serrer ta godasse et avec ton poids tu dégommes la neige qu’elle soit lourde ou mouillée - tu en reprends un peu ? - c’est la neige qui doit avoir peur de tes 80 kilos, pas toi ! - une eau chaude ? Surtout pas ! - putain faut en prendre conscience de ce gros orteil ! - Hum il est pas mal celui-là – de toutes façons dans une neige comme ça (dite « variable »), faut engager, et tu appuies sur tes pieds, surtout si tu manques de cuisses – ouais j’en veut bien un peu, il a de la cuisse – oui parce que les orteils ils te guident, c’est là que se concentre l’énergie vitale du skieur – du rouge ou du blanc ? - ça te guide, c’est comme un volant, virage à droite, hop, virage à gauche – oh ! Plutôt de la bière - mais tu vas y arriver tu verras ! - Glou ! - c’est ce que disent les moniteurs ! – Soif ! - Globalement c’est comme ça que ça marche – ouais ! - et donc……. »

Cette conversation technico-pédagogique a dû durer un certain temps… jusqu’à ce qu’elle devienne un ronronnement dans mon cerveau et que je m’écroule en rêvant de descentes sans skis, pieds nus dans la neige de printemps en hiver….

C’était tellement beau cette leçon !

Merci les garçons pour ce beau week-end ensoleillé dans l’Ossau !
(Laurent-Lionel-Arnaud-Julien-Jean-Philippe-Fabien-Pierre-Greg)

Mathilde.

Photos : Philippe Fourest