Carnet de route

Contemplations italiennes

Le 01/05/2024 par Lionel FERRE

« Mets toi sur ton séant, lève tes yeux, dérange ce drap glacé qui fait des plis sur ton front d’ange (c’est vrai que j’ai un grand front), ouvre tes mains, et prends ces skis : ils sont à toi ».

(Quel visionnaire ce Victor Hugo, à un ou deux mots près, il avait vu juste)

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirai (Victor s’est trompé, plus précisément, on a récupéré le camion du club samedi à 17h30 direction Bourg en Bresse, on a même du rajouter de l’huile, ça manque de précision ces poèmes).

Vois-tu je sais que tu m’attends (Et ben ce n’est pas grave, la neige poudreuse ça peut attendre, dans un bon frigo comme dans les pentes exposées nord de la Punta Galisia et Calabre que l’on a skiées, il n’y pas de problème).

 J’irai par la forêt, j’irai par la montagne (On a surtout pris l’autoroute puis le tunnel du Mont Blanc et les petites routes jusqu’à Rhêmes Notre Dame où un renard nous attendait – véridique, une sorte de messager comme dans Harry Potter).

 Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps (Ah ça ! il a bien raison Le Victor, on irait bien skier plus souvent).

 Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées (Là Victor, non, de telles vallées, des grosses montagnes comme le Cervin, on n’en voit pas tous les jours quand on habite en Charente donc on contemple, on écoute le chuintement des torrents).

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? ( Mattéo, Adrien et Enzo sont à la frontière de la majorité, d’accord mais les 5 autres : Laurent, Raphaël, Nicolas, Jérome et moi, on est plus proches du démon de midi ; par contre le matin à 6h30 ans dans notre beau refuge Benevollo perché à 2285m, c’est vrai certains étaient peu bavards et riaient peu ).

Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ? (Montés à 3350 et 3450m ça en a usé certains, mais bon une bière italienne et la cuisine roborative du refuge et c’était reparti ; pour autant on en a vu certains s’asseoir au sommet manger un petit gâteau de riz).

Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules (Doucement Victor, travailler c’est un grand mot, mais l’effort est là ; plus de 1600m pour certains courageux le mardi) ;

Ils vont de l’aube au soir, faire éternellement dans la même prison le même mouvement. Innocents dans un bagne, anges dans un enfer. Ils travaillent. (Le ski dans la poudreuse et surtout par beau temps, c’est de l’engagement, du cœur qui bat, de l’énergie, c’est répétitif c’est sûr). […]

Tout est d’airain (Dur, résistant, implacable, on parle bien sûr de la musculature de nos fiers participants), tout est de fer (Victor, ça a changé depuis ton époque maintenant y a du carbone aussi, du peuplier, du paulownia dans les skis).

 Jamais on ne s’arrête, jamais on ne joue. (C’est ça vrai, du cœur toujours partant, oui, on avance, avance, on avance mais par contre le soir on jouait au Rami …)

 Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue. Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las. Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas ! Ils semblent dire à Dieu : « petits comme nous sommes, Notre père, voyez ce que nous font les skis ! »

Extraits « des contemplations » de Victor Hugo.

 

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